La croissance mondiale a surmonté la crise, grâce au dynamisme des économies émergentes, qui sont même sorties renforcées de cette épreuve. Dans les pays émergents, l’expansion a été forte (+7%) très au-dessus de la tendance longue (+3,8% l’an de 1973 à 2009), alors que le taux de croissance de la zone OCDE se serait établi à +2,9%, un peu mieux que la tendance longue à +2,8% l’an en moyenne. Les progrès restent soutenus en Asie émergente, en premier lieu en Chine où la hausse des prix de détail et des salaires s’accélère, incitant les autorités à poursuivre sur la voie du resserrement monétaire. En même temps, la croissance de la production industrielle se maintient sur une pente de plus de +13% l’an, de sorte qu’elle dépasse de +40% son niveau du début 2008. Dans les autres pays de la région aussi, le niveau de l’activité est nettement supérieur à celui d’avant-crise : de +22% en Inde, +12% en Corée et +10% à Taïwan. Dans ce contexte, les cours des matières premières gonflent à vive allure, au-delà des aléas climatiques et entretient les pressions inflationnistes. Les cours des métaux ont quasiment rejoint leur record du printemps 2008, tandis que ceux du pétrole approchent les 100 dollars le baril.
Aux États-Unis, la croissance économique au troisième trimestre 2010 a finalement été estimée à +2,6% l’an. Cette performance est analogue à la moyenne observée pendant la première partie de l’année. Les deux principaux moteurs de l’expansion pendant l’été ont été la reconstitution des stocks et la consommation privée. Le premier soutien devrait faiblir au cours des prochains mois, d’autant que la formation de stocks a approché 1% du PIB, ratio supérieur à la norme des dernières années. En revanche, la consommation devrait rester bien orientée, comme le suggèrent les données mensuelles connues jusqu’en novembre. Les dépenses des ménages américains, qui avaient fortement baissé en 2009, retrouvent un rythme de croissance de l’ordre de +2,5 à +3% l’an comme avant la crise. Elles progressent en liaison avec les revenus, le taux d’épargne étant stabilisé un peu au-dessus de 5% du revenu disponible.
Un scénario d’accélération de la reprise se dessine même s’il reste fragile. L’activité du secteur manufacturier a connu son dix-septième mois de croissance en décembre. L’indice ISM qui s’affiche à 57 est bien au-dessus de sa moyenne à 52 observée de 1973 à 2008 et correspond à une croissance annuelle moyenne de +2,7% de la production industrielle. Des signaux favorables sont aussi perceptibles dans les services et même du côté de la construction, bien que le marché immobilier ne montre aucun signe de redressement, les permis de construire se maintenant autour de 550.000 en rythme annuel contre 2,2 millions fin 2005-début 2006.
Source : Institute of Supply Management – en bleu : secteurs manufacturiers – en rouge : secteurs non manufacturiers
Les déductions fiscales accordées sous l’ancienne administration ont finalement été prolongées. Elles bénéficieront à la consommation, qui augmente actuellement à un rythme de +2,5% l’an, d’autant que l’emploi s’inscrit sur une tendance plus favorable comme en témoigne la hausse de +297.000 postes en décembre et la baisse du taux de chômage à 9,4% de la population active.
La réduction des déficits publics est donc remise à plus tard, de sorte qu’ils s’inscriraient vers 10% du PIB à la mi-2011.